Conseils du vainqueur de la 34e Microcup en division Régate
Publié : 06 sept. 2010 21:07
Je vous joins le mail de Nicolas que je remercie de tout cœur de part de notre association Go-Neptune
Francois
Bonjour François,
Je te fais parvenir ce mail dans le but d'apporter ce qu'on peut à la flotte Neptune, peux-tu le faire circuler à ceux qui désirent de l'aide ? Le mettre sur le site est aussi possible, mais comme la plupart des points s'appliquent à n'importe quel bateau, on va aider aussi les non Neptune ... Cela ne me gène pas.
Merci,
A+
Nicolas
Bonjour à tous,
J'avais promis de vous aider autant que possible, voici une première étape.
D'abord, mon interprétation du Mondial est la suivante : Les Neptunes se sont persuadés que d'autre bateaux étaient intouchables et naviguent donc beaucoup "entre eux". Cela ne favorise pas la performance globale de la flotte Neptune. De plus, c'est faux à mon avis : le Neptune est au niveau des protos au près ce qui permet de naviguer avec de l'air frais au premier bord, c'est vraiment inestimable comme avantage avec 70 bateaux sur la ligne de départ, nous l'avons vu dans la dernière manches, un dévent c'est une longueur de perdue tous les 50 à 100m ... Au portant, c'est plus dur et il faut se battre, mais en s'avançant bien dans le bateau, on reste compétitif si les concurrents ne sont pas trop bien menés.
Ces bateaux intouchables sont avant tout de bons équipages, si les bateaux sont un peu meilleurs, certainement, cela peut être comblé par une meilleure optimisation. Or avec une flotte de Neptune aussi importante, une optimisation est vraiment plus simple qu'avec un seul bateau. Il faut exploiter cette force.
Pour information, voici aussi quelques commentaires :
Je me rends compte sur les photos que les focs des Neptunes sont assez excentrés en général, cela interdit de faire du cap. Je ne sais pas où est notre foc au près, je pourrait mesurer, mais en principe mieux vaut avoir un foc puissant et recentré qu'un foc plat et excentré. La GV impose au vent de passer devant elle (en l'empêchant de passer derrière le mat), d'autre part elle aspire l'air qui sort du foc (car l'air accélère sous le vent de la GV créant une dépression), donc les filets d'air ne peuvent pas décrocher sous le vent du foc, on peut le creuser un maximum sans risque. La limite est que le foc ne tire plus assez vers l'avant (s'il est trop centré), ou qu'il renvoie trop dans la GV bloquant un peu tout le phénomène.
Ce point est vraiment capital car le Neptune est une bête de près (ce qui lui permet de "compenser" un réglage non optimum et masque donc ce "problème"). Nous n'avions quasiment pas de déficit par rapport à la plupart des protos sur mer plate, ça devrait être la "vitesse cible" d'un Neptune.
Autre point Capital : les voiles ne doivent pas pouvoir être autrement que comme on veut qu'elles soient... En clair, si une voile peut bouger si on force anormalement sur le point d'écoute (sans toucher aux réglages), c'est un problème : cela signifie que si le vent change (en force) ou si le bateau bouge (clapot), la voile va bouger. Une voile qui bouge par rapport au bateau, c'est de l'énergie gaspillée, c'est aussi des filet d'air qui peuvent être perturbés et ne plus travailler correctement.
La seule justification à avoir une voile qui bouge est d'être tolérant, dans le clapot par exemple, comme le bateau bouge, les filets d'air sont de toute façon perturbés, et une voile "souple" permet d'atténuer les perturbations, mais au détriment de l'efficacité, en clair c'est "moins pire". Pour rendre plus tolérant, on peut par exemple réduire la tension du gréement, border moins pour laisser les chutes libres, ... mais même dans ce cas, les points d'écoute ne devraient pas "osciller" si possible.
Notez bien que c'est toute la différence entre un bateau de course moderne et un bateau ancien : coque plus raides (tissus mieux utilisés), mat plus raide (carbone), haubanage plus raide (rod) et surtout voiles plus raides. Pour les voiles, l'avantage est double puisque cela permet d'avoir une meilleure forme aussi.
Sur Micro Mood, tout a été fait pour avoir de la raideur : structure améliorée au niveau de la descente pour bloquer la section, gréement tendu, bouts raides, accastillage permettant d'imposer la forme à la voile et voiles raides.
Il faut aussi impérativement avoir des "marques" sur les écoutes et les bouts de réglage, car une fois que tout est raide, on se rend compte qu'on a plus à toucher à rien sauf grosse variation de vent. Et sur un départ, celui qui "sort" devant est celui qui a trouvé le plus vite sa vitesse maxi. Il y a une phase de lancement du bateau où les voiles sont bordées petit à petit, mais 15 secondes après avoir décidé de "lancer", le bateau doit être parfaitement réglé et lancé, le barreur ne doit plus se poser aucune question et "sortir" son bateau en avant de la flotte. Seules des marques permettent d'être au rappel maxi et de "savoir" qu'on est optimum en terme de réglage.
Enfin tant qu'on parle de départ, pensez à lancer le bateau, un bateau ne peut faire du près que s'il est rapide, naviguer "haut" sans vitesse pendant 5 secondes et le départ est mort : vous dérapez sur le bateau sous le vent et c'est fini. Au contraire, naviguer un poil bas et vous serez surement à l'optimum (on navigue toujours haut dans une flotte), si vous vous êtes gardé 2 longueurs libres sous le vent avant le départ, c'est gagné, vous "écrasez" le bateau sous le vent qui lui navigue haut et êtes devant avec de l'air frais. Là, c'est 1 longueur de gagnée tous les 100m sur le gros de la flotte !
Enfin, on rentre dans des choses plus anecdotiques : optimisation du poids (gain sur le pont et ajout de gueuses), profil de dérive (la surface est identique à l'originale), surface de safran, ... Je doute que tout cela crée un réel avantage, c'est plus pour le plaisir d'avoir un beau bateau.
Il faudrait aussi parler un peu du safran, dont la compensation est faible, cela permet d'avoir un bon "retour" sur ce qui se passe à bord, on barre mieux. Je ne sais pas comment sont les autres, c'est aussi une affaire de goût, j'aime les bateaux qui parlent ...
Heureusement, la vitesse ne fait pas tout, et l'équipage fait 80% du résultat : Si on décortique une manche typique de Micro Mood, on obtient ceci :
- Départ : nous avons fait en tout 10 départs, 1 était complètement raté (départ dans le dévent d'un bateau à la dernière manche), 2 étaient moyens (l'un du mauvais coté de la ligne mais dégagé, l'autre bloqué sans possibilité de virer mais là encore dans du vent frais), les 7 autres étaient quasi-parfaits, vent frais, dans les 3 premiers avec possibilité de virer. Au final, seul le départ dans le dévent est un drame car on passe dans les 25 au vent. Tous les autres permettent de naviguer avec du vent frais ce qui assure une place dans les 10 en haut.
- Premier près : un bon départ, de bons virements, jamais de dévent et un placement sans trop de risque assurent un passage en haut dans les 3 à 5 premiers. Le bateau est "magique" à cette allure.
- Au portant, on limite la casse ... et on choisit la bouée qui permet d'aller du bon coté sans recroiser la flotte des spis au près.
- Au deuxième près, on profite à nouveau du bateau pour si possible doubler quelques bateaux (ceux qui vont du mauvais coté). Dans tous les cas, pas de dévent !!!
- Dernier portant, on protège l'intérieur du parcours à tout prix.
- Dernier bord, ouf il est court !
Dernière chose : la trainée d'un voilier est de plusieurs types, et on peut agir sur 2 d'entre eux : le "frottement" de l'eau sur la coque et le déplacement de l'eau autour de la coque (il faut bien que l'eau se pousse pour que la coque passe) cela crée des vagues. Il faut retenir ceci : à faible vitesse, le "frottement" est prédominant, on peut le diminuer pas mal en réduisant la surface en contact avec l'eau, il faut s'avancer au maximum pour décoller l'arrière. A haute vitesse, c'est la "trainée de vague" qui est prédominante, on peut la diminuer en allongeant le bateau, il faut alors plutôt se reculer pour immerger le tableau et éviter de giter trop, l'eau voit alors un bateau plus long qu'il n'est en réalité. Sur le Neptune, il faut avancer tous les poids jusqu'à 10-12kt je pense, au portant principalement. ensuite on recule les poids et sans doute l'équipage au moins au près. Il faut tester pour affiner.
Conclusion : Je pense qu'il faut d'abord pouvoir régler les focs au mieux, ensuite naviguer entre Neptunes en entrainement pour valider ses réglages et positionnement dans le bateau. Après ça, on ne s'occupe plus de réglage (on les connait) ce qui permet de s'entrainer aux départ, aux virements, ... Et surtout regardez autour du bateau pour voir ce qui va se passer pour exploiter au mieux le plan d'eau, c'est encore le meilleur moyen de gagner des places ...
Je répondrais bien évidement le plus précisément possible à toute question.
A bientôt,
Nicolas
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Francois
Bonjour François,
Je te fais parvenir ce mail dans le but d'apporter ce qu'on peut à la flotte Neptune, peux-tu le faire circuler à ceux qui désirent de l'aide ? Le mettre sur le site est aussi possible, mais comme la plupart des points s'appliquent à n'importe quel bateau, on va aider aussi les non Neptune ... Cela ne me gène pas.
Merci,
A+
Nicolas
Bonjour à tous,
J'avais promis de vous aider autant que possible, voici une première étape.
D'abord, mon interprétation du Mondial est la suivante : Les Neptunes se sont persuadés que d'autre bateaux étaient intouchables et naviguent donc beaucoup "entre eux". Cela ne favorise pas la performance globale de la flotte Neptune. De plus, c'est faux à mon avis : le Neptune est au niveau des protos au près ce qui permet de naviguer avec de l'air frais au premier bord, c'est vraiment inestimable comme avantage avec 70 bateaux sur la ligne de départ, nous l'avons vu dans la dernière manches, un dévent c'est une longueur de perdue tous les 50 à 100m ... Au portant, c'est plus dur et il faut se battre, mais en s'avançant bien dans le bateau, on reste compétitif si les concurrents ne sont pas trop bien menés.
Ces bateaux intouchables sont avant tout de bons équipages, si les bateaux sont un peu meilleurs, certainement, cela peut être comblé par une meilleure optimisation. Or avec une flotte de Neptune aussi importante, une optimisation est vraiment plus simple qu'avec un seul bateau. Il faut exploiter cette force.
Pour information, voici aussi quelques commentaires :
Je me rends compte sur les photos que les focs des Neptunes sont assez excentrés en général, cela interdit de faire du cap. Je ne sais pas où est notre foc au près, je pourrait mesurer, mais en principe mieux vaut avoir un foc puissant et recentré qu'un foc plat et excentré. La GV impose au vent de passer devant elle (en l'empêchant de passer derrière le mat), d'autre part elle aspire l'air qui sort du foc (car l'air accélère sous le vent de la GV créant une dépression), donc les filets d'air ne peuvent pas décrocher sous le vent du foc, on peut le creuser un maximum sans risque. La limite est que le foc ne tire plus assez vers l'avant (s'il est trop centré), ou qu'il renvoie trop dans la GV bloquant un peu tout le phénomène.
Ce point est vraiment capital car le Neptune est une bête de près (ce qui lui permet de "compenser" un réglage non optimum et masque donc ce "problème"). Nous n'avions quasiment pas de déficit par rapport à la plupart des protos sur mer plate, ça devrait être la "vitesse cible" d'un Neptune.
Autre point Capital : les voiles ne doivent pas pouvoir être autrement que comme on veut qu'elles soient... En clair, si une voile peut bouger si on force anormalement sur le point d'écoute (sans toucher aux réglages), c'est un problème : cela signifie que si le vent change (en force) ou si le bateau bouge (clapot), la voile va bouger. Une voile qui bouge par rapport au bateau, c'est de l'énergie gaspillée, c'est aussi des filet d'air qui peuvent être perturbés et ne plus travailler correctement.
La seule justification à avoir une voile qui bouge est d'être tolérant, dans le clapot par exemple, comme le bateau bouge, les filets d'air sont de toute façon perturbés, et une voile "souple" permet d'atténuer les perturbations, mais au détriment de l'efficacité, en clair c'est "moins pire". Pour rendre plus tolérant, on peut par exemple réduire la tension du gréement, border moins pour laisser les chutes libres, ... mais même dans ce cas, les points d'écoute ne devraient pas "osciller" si possible.
Notez bien que c'est toute la différence entre un bateau de course moderne et un bateau ancien : coque plus raides (tissus mieux utilisés), mat plus raide (carbone), haubanage plus raide (rod) et surtout voiles plus raides. Pour les voiles, l'avantage est double puisque cela permet d'avoir une meilleure forme aussi.
Sur Micro Mood, tout a été fait pour avoir de la raideur : structure améliorée au niveau de la descente pour bloquer la section, gréement tendu, bouts raides, accastillage permettant d'imposer la forme à la voile et voiles raides.
Il faut aussi impérativement avoir des "marques" sur les écoutes et les bouts de réglage, car une fois que tout est raide, on se rend compte qu'on a plus à toucher à rien sauf grosse variation de vent. Et sur un départ, celui qui "sort" devant est celui qui a trouvé le plus vite sa vitesse maxi. Il y a une phase de lancement du bateau où les voiles sont bordées petit à petit, mais 15 secondes après avoir décidé de "lancer", le bateau doit être parfaitement réglé et lancé, le barreur ne doit plus se poser aucune question et "sortir" son bateau en avant de la flotte. Seules des marques permettent d'être au rappel maxi et de "savoir" qu'on est optimum en terme de réglage.
Enfin tant qu'on parle de départ, pensez à lancer le bateau, un bateau ne peut faire du près que s'il est rapide, naviguer "haut" sans vitesse pendant 5 secondes et le départ est mort : vous dérapez sur le bateau sous le vent et c'est fini. Au contraire, naviguer un poil bas et vous serez surement à l'optimum (on navigue toujours haut dans une flotte), si vous vous êtes gardé 2 longueurs libres sous le vent avant le départ, c'est gagné, vous "écrasez" le bateau sous le vent qui lui navigue haut et êtes devant avec de l'air frais. Là, c'est 1 longueur de gagnée tous les 100m sur le gros de la flotte !
Enfin, on rentre dans des choses plus anecdotiques : optimisation du poids (gain sur le pont et ajout de gueuses), profil de dérive (la surface est identique à l'originale), surface de safran, ... Je doute que tout cela crée un réel avantage, c'est plus pour le plaisir d'avoir un beau bateau.
Il faudrait aussi parler un peu du safran, dont la compensation est faible, cela permet d'avoir un bon "retour" sur ce qui se passe à bord, on barre mieux. Je ne sais pas comment sont les autres, c'est aussi une affaire de goût, j'aime les bateaux qui parlent ...
Heureusement, la vitesse ne fait pas tout, et l'équipage fait 80% du résultat : Si on décortique une manche typique de Micro Mood, on obtient ceci :
- Départ : nous avons fait en tout 10 départs, 1 était complètement raté (départ dans le dévent d'un bateau à la dernière manche), 2 étaient moyens (l'un du mauvais coté de la ligne mais dégagé, l'autre bloqué sans possibilité de virer mais là encore dans du vent frais), les 7 autres étaient quasi-parfaits, vent frais, dans les 3 premiers avec possibilité de virer. Au final, seul le départ dans le dévent est un drame car on passe dans les 25 au vent. Tous les autres permettent de naviguer avec du vent frais ce qui assure une place dans les 10 en haut.
- Premier près : un bon départ, de bons virements, jamais de dévent et un placement sans trop de risque assurent un passage en haut dans les 3 à 5 premiers. Le bateau est "magique" à cette allure.
- Au portant, on limite la casse ... et on choisit la bouée qui permet d'aller du bon coté sans recroiser la flotte des spis au près.
- Au deuxième près, on profite à nouveau du bateau pour si possible doubler quelques bateaux (ceux qui vont du mauvais coté). Dans tous les cas, pas de dévent !!!
- Dernier portant, on protège l'intérieur du parcours à tout prix.
- Dernier bord, ouf il est court !
Dernière chose : la trainée d'un voilier est de plusieurs types, et on peut agir sur 2 d'entre eux : le "frottement" de l'eau sur la coque et le déplacement de l'eau autour de la coque (il faut bien que l'eau se pousse pour que la coque passe) cela crée des vagues. Il faut retenir ceci : à faible vitesse, le "frottement" est prédominant, on peut le diminuer pas mal en réduisant la surface en contact avec l'eau, il faut s'avancer au maximum pour décoller l'arrière. A haute vitesse, c'est la "trainée de vague" qui est prédominante, on peut la diminuer en allongeant le bateau, il faut alors plutôt se reculer pour immerger le tableau et éviter de giter trop, l'eau voit alors un bateau plus long qu'il n'est en réalité. Sur le Neptune, il faut avancer tous les poids jusqu'à 10-12kt je pense, au portant principalement. ensuite on recule les poids et sans doute l'équipage au moins au près. Il faut tester pour affiner.
Conclusion : Je pense qu'il faut d'abord pouvoir régler les focs au mieux, ensuite naviguer entre Neptunes en entrainement pour valider ses réglages et positionnement dans le bateau. Après ça, on ne s'occupe plus de réglage (on les connait) ce qui permet de s'entrainer aux départ, aux virements, ... Et surtout regardez autour du bateau pour voir ce qui va se passer pour exploiter au mieux le plan d'eau, c'est encore le meilleur moyen de gagner des places ...
Je répondrais bien évidement le plus précisément possible à toute question.
A bientôt,
Nicolas
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