Hommage à Jules Verne

Pour parler de ce qui vous chante...

Modérateur : jerodada

Avatar de l’utilisateur
Denis
Site Admin
Messages : 2062
Inscription : 20 déc. 2003 10:17
Prénom : Denis
Localisation : Rennes

Hommage à Jules Verne

Message par Denis »

Une de ses oeuvres, peut-être pas la plus connue 8) (en pdf)

Lamentation d'un poil de cul de femme

Il est dur lorsque sur la terre
Dans le bonheur on vécu
De mourir triste et solitaire
Sur les ruines d'un vieux cul.
Jadis dans une forêt vierge,
Je fus planté sur le versant
Qu'un pur filet d'urine asperge,
Et parfois un filet de sang.

Alors, dans ce taillis sauvage,
Les poils poussaient par les sillons ;
Et sous leur virginal ombrage
Passaient de jolis morpions.
Destin fatal! un doigt nubile
Un soir par la vint s'égarer,
Et de sa phalange mobile
Frotter, racler et labourer.

Bientôt au doigt le vit succède,
Et, dans ses appétits ardents,
Appelant la langue a son aide,
Il nous déchire a belles dents.
J'ai vu s'en aller nos dépouilles
Sur le fleuve des passions,
Qui prend sa source dans les couilles
Et va se perdre dans les cons.

Hélas! l'épine est sous la rose,
Et la pine sous le plaisir,
Bientot au bord des exostoses
Des chancres vinrent a fleurir.
Les coqs de leur crête inhumaine
Se parent dans tous les chemins :
Dans le departement de l'Aine
Bombardent de jeunes poulains.

Mais, quand le passe fort propice,
Pourquoi songer a l'avenir ?
Et qu'importe la chaude pisse,
Quand il reste le souvenir ?
N'ai-je pas vu tous les prépuces,
Avoir chez nous un libre acces,
Alors même qu'ils etaient russes,
Surtout quand ils étaient francais!

J'ai couvert de mon ombre amie
La grenette de l'écolier,
Le membre de l'Academie,
Et le vit du carabinier ;
J'ai vu un vieillard phosphorique
Dans un effort trop passager,
Charger avec son dard étique,
Sans parvenir a décharger.

J'ai vu.. mais la motte déserte
N'a plus de flux ni de reflux,
Et la matrice trop ouverte,
Attend vainement le phallus.
J'ai perdu, depuis une année,
Mes compagnons déjà trop vieux
Et mes beaux poils du périnée
Sont engloutis dans divers lieux.

Aux lèvres des jeunes pucelles,
Croissez en paix, poils ingenus,
Adieu, mes cousins des aisseles,
Adieu, mes frères de l'anus,
J'espérais, a l'heure dernière,
Me noyer dans l'eau des bidets,
Mais j'habite sur un derrière
Qu'hélas! on ne lave jamais.

Il eut parlé longtemps encore,
Lorsqu'un vent vif précipité,
Bruyant, mais non pas inodore,
Le lanca dans l'éternité.
Ainsi tout retourne a la tombe,
Tout ce qui vit, tout ce qui fut,
Ainsi tout change, ainsi tout tombe,
Illusions... et poils du cul.

Jules Verne, 1854
Répondre